by Faloukou Dosso
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par Faloukou Dosso

Résumé :
Heidegger considère la technique moderne comme un danger qu’il faut éradiquer. D’où sa volonté d’un retour de la technique à son sol natal. Il faut recourir à l’essence de la technique pour éviter à l’homme de tomber dans un dangereux processus de son instrumentalisation. Pour Habermas, le progrès technique, première force productive, a besoin d’être accompagné. Face au règne de la technique, il est bon de proposer celui de l’interaction fondée sur la réciprocité, l’autre nom de l’activité communicationnelle. Il revient à l’homme de créer l’espace communicationnel joignant sa dimension spirituelle à sa dimension instrumentale.
Abstract :
Heidegger considers modern technology as a danger that must be eradicated completely. Hence his desire to return to its native ground. Technology should be used according to its essence to avoid human to make a dangerous process of instrumentalization. For Habermas, technology progress is the first productive force that needs to be accompanied. Facing the reign of technology, it is appropriate to propose the interaction one based on reciprocity, the other name of communicative action. It is up to man to create this communicative space joining this spiritual dimension to instrumental one.
Mots-Clés :
Arraisonnement, Civilisation scientificisée, Esprit, Interaction, Progrès technique, Technique moderne, Production, Provocation.
Keywords :
Boarding, Scientific civilization, Interaction, Spirit, Technical Progress, Modern technology, Production, Provocation.
Introduction
Notre monde est sous le règne de la technique moderne qui, en étendant son pouvoir de domination, n’épargne aucun domaine d’activités. L’homme la subit à telle enseigne que la question de sa dignité est diversement appréciée. Ce qui suscite, non seulement des questions de sa survie liée à la technicisation de la civilisation, à la destruction de son cadre de vie, mais aussi celles éthiques, de bioéthique à l’ère de la technologie génétique suite à la « pro- vocation »1 (Heraus-fordern) de la nature. Aujourd’hui, la technique peut être confondue avec l’air que nous respirons. Et, tout étant technique, l’homme n’arrive pas à établir un rapport libre avec elle puisque son règne « invite à caractériser notre époque, c’est-à-dire une certaine époque de l’Histoire de l’Être et du rapport de l’homme à l’Être, en référence au plus extrême oubli »2.
La société industrielle, en possédant « les instrumentalités grâce auxquelles elle peut transformer la métaphysique en physique, l’intérieur en extérieur, les aventures de l’esprit en aventures de la technologie »3, ne permet pas à l’homme de préparer un libre rapport à elle. Pourtant, il faut préparer ce rapport. « Le rapport est libre, quand il ouvre notre être (Dasein) à l’essence (Wesen) de la technique. Si nous répondons à cette essence, alors nous pouvons prendre conscience de la technicité dans sa limitation »4. L’espèce humaine doit
« « prendre en main » la technique et l’orienter vers des fins « spirituelles » »5.
Il se pose donc le problème du retour de la technique à son sol natal puisque « le point essentiel est de manier de la bonne façon la technique
comme moyen »6. La technique n’étant pas « la même chose que l’essence de la technique […et que] la technique n’est absolument rien de technique »7, notre préoccupation est de sauver l’être humain en le reconduisant « dans l’essence, afin de faire apparaitre celle-ci, pour la première fois, de la façon qui lui est propre »8. Et, la question du maniement de la bonne façon de la technique est aussi pensée par Heidegger et Habermas. Chacun se propose de nous révéler un type particulier de préparation du rapport libre à la technique. En d’autres termes, quelle orientation Heidegger souhaite-t-il proposer pour mieux utiliser la technique ? Quel accompagnement Habermas favorise-t-il pour relever le défi d’une existence humaine ?
I. HEIDEGGER ET LE RETOUR DE LA TECHNIQUE À SON SOL NATAL
Notre monde pose un problème existential empêchant l’homme d’être- dans-le-monde. Il se trouve dans un monde sans abri. Pourtant, il doit se trouver un abri sur mesure puisque « l’habitation de l’homme repose dans cette mesure aménageante qui regarde vers le haut, dans cette mesure de la Dimension où le ciel, aussi bien la terre, a sa place »9. Son existence doit être capable de dépasser cette compréhension simpliste d’une certaine conception de l’homme (anthropologie) et de l’histoire de l’humanité. Heidegger tire sur la sonnette d’alarme pour détourner notre regard focalisé sur la technique en l’orientant vers son essence. Comment faut-il rompre « avec l’être-au-monde métaphysique et avec la manière technologique de penser et de parler »10?
A. La technique moderne et le règne du Ge-stell11 : Le danger de la pro- duction pro-vocatrice
La nature est, non seulement dévoilée par la technique moderne, mais aussi offerte au savoir, à l’action en se constituant en un réservoir d’énergie, de forces calculables, exploitables. Avec elle, tout est fonds, celui-ci ne caractérisant « rien de moins que la manière dont est présent tout ce qui est atteint par le dévoilement qui pro-voque. Ce qui est là (steht) au sens du fonds (Bestand) n’est plus rien en face de nous comme objet (Gegenstand) »12. Le mode pro-voquant de la technique stimulera la nature en la poussant à se plier, se rabaisser et se dévoiler comme fonds, réservoir. La technique moderne est de l’ordre de la croissance, en termes de pro-duire en quantité dans un processus démesuré de pro-vocation de la nature.
Inévitablement, « l’homme suit son chemin à l’extrême bord de précipice »13 en s’adonnant à elle. Alors qu’« en s’adonnant à la technique, il prend part au commettre comme à un mode du dévoilement »14 et ne peut assumer aucune relation avec lui-même puisque « l’essence de la technique moderne [le] met sur le chemin de ce dévoilement par lequel, d’une manière plus ou moins perceptible, le réel partout devient fonds »15. Disons que la technique moderne étouffe le vouloir humain en n’ordonnant pas originellement l’essence de la liberté. « La technique moderne, en tant que dévoilement qui commet, [n’est pas] un acte purement humain. C’est pourquoi il nous faut prendre telle qu’elle se montre cette pro-vocation qui met l’homme en demeure de commettre le réel comme fonds. Cette pro-vocation rassemble l’homme dans le commettre »16.
En s’engageant dans le « commettre », c’est-à-dire concentrer sa tâche sur le réel comme fonds, la technique moderne fait chavirer l’homme dans l’Arraisonnement, ce mode du dévoilement pro-voquant. « Arraisonnement (Ge- stell) : ainsi appelons-nous le rassemblant de cette interpellation (Stellen) qui requiert l’homme, c’est-à-dire qui le pro-voque à dévoiler le réel comme fonds dans le mode du « commettre ». Ainsi appelons-nous le mode de dévoilement qui régit l’essence de la technique moderne et n’est lui-même rien de technique »17. L’Arraisonnement, mode destinal (Geschickhaft, envoyé par le destin) du dévoilement, est un dévoilement pro-ducteur.
« Le dévoilement qui régit complètement la technique moderne a le caractère d’une interpellation (Stellen) au sens d’une pro-vocation. Celle-ci a lieu lorsque l’énergie cachée dans la nature est libérée, que ce qui est ainsi obtenu est transformé, que le transformé est accumulé, l’accumulé à son tour réparti et le réparti à nouveau commué. Obtenir, transformer, accumuler, répartir, commuer sont des modes du dévoilement »18.
La technique moderne, différente de la « technique artisanale » puisqu’elle
« n’est jamais essence au sens du genre et de l’essentia »19, ar-raisonne la nature, l’arrête, l’inspecte, « c’est-à-dire la met à la raison, en la mettant au régime de la raison, qui exige de toute chose qu’elle rende raison, qu’elle donne sa raison »20. Elle est un obstacle à l’émergence essentiale de l’homme et de la nature. « En tant qu’elle est ce destin, l’essence de la technique engage l’homme dans ce qu’il ne peut de lui-même, ni inventer, ni encore moins faire »21. Ici, l’homme abandonnera son être libre au détriment de la pro-duction.
La technique moderne embourbe l’homme dans cette possibilité impliquée de s’ouvrir dans la pro-duction (Hervor-bringen), ce processus dangereux le poussant à pro-duire, c’est-à-dire faire-venir (Ver-an-lassen) au jour, faire-sortir-du-retrait. En faisant « passer de l’état caché à l’état non caché, il présente (bringt vor). Pro-duire (her-vorbringen) a lieu seulement pour autant que quelque chose de caché arrive dans le non-caché. Cette arrivée repose, et trouve son élan, dans ce que nous appelons dévoilement »22. La pro-duction englobe les modes du « tout faire-venir » (Veranlassung) et les causes (causa materialis, causa formalis, causa finalis, causa efficiens). Et, l’objectivité (Gegenständigkeit) de la pro-duction réside dans ce qu’elle est considérée comme « le mode de présence de cette chose présente qui apparait comme objet à l’époque moderne »23.
La pro-duction, celle différente de l’artiste ou de l’artisan, en masquant l’éclat et/ou la puissance de la vérité, dévoile la nature et l’homme en les prenant respectivement comme fonds, réserve d’énergie, comme matériel humain originellement pro-voqué à commettre en dépendant « des objets que la technique nous fournit et qui, pour ainsi dire, nous mettent en demeure de les perfectionner sans cesse »24.
« La menace qui pèse sur l’homme ne provient pas en premier lieu des machines et appareils de la technique, dont l’action peut éventuellement être mortelle. La menace véritable a déjà atteint l’homme dans son être. Le règne de l’Arraisonnement nous menace de l’éventualité qu’à l’homme puisse être refusé de revenir à un dévoilement plus originel et d’entendre ainsi l’appel d’une vérité plus initiale. Aussi, là où domine l’Arraisonnement, y a-t-il danger au sens le plus élevé »25.
La technique moderne menace l’homme de perdre son humanité. D’où sa probable incapacité à recourir à son essence propre en faisant la promotion d’une certaine rationalité qui ne saurait permettre à l’homme de faire usage objectivement du sens élevé de son hominisation. Il faut sauver l’homme des griffes de la technique moderne en le reconduisant dans son essence afin de faire apparaitre celle-ci de la façon qui lui est propre. Il faut donc dépasser la rationalité technique qui engage l’homme dans un processus de réification.
B. La nostalgie d’un versant humanisant de la technique : Au-delà de la rationalité instrumentale
La technique moderne n’est pas le tout de la technique. Son essence technicisante présente un sombre tableau de l’histoire de l’évolution humaine. Au lieu de rendre l’homme humain (homo humanus), cet « humanisme [qui] consiste en ceci : réfléchir et veiller à ce que l’homme soit humain et non in-humain,
« barbare », c’est-à-dire hors de son essence »26, elle le met hors de l’humanitas en promouvant sa marchandisation. Avec elle, l’on dynamise la pro-vocation, la pro- duction, le dévoilement puisqu’elle se présente sous une forme anthropologique poussant la nature à libérer son énergie et l’homme à s’adonner à elle. « La conception instrumentale de la technique dirige tout effort pour placer l’homme dans un rapport juste à la technique »27. D’où la nostalgie d’une technique favorable à un mode de dévoilement se voulant pacifique, poétique.
Heidegger est nostalgique d’un rapport que la technique artisanale entretient avec l’homme et la nature. La nostalgie, cette douleur causée par la proximité du lointain, est la preuve que la technique moderne ne fonctionne pas correctement et consiste, non seulement à mettre en exergue le temps antérieur où les arts avaient atteint leur maturité, mais aussi le désir de donner une nouvelle orientation à la technique moderne à partir de son essence originelle comme le concevaient les grecs avant Platon. « Le tournant cartésien est celui de la modernité, mais il s’inscrit dans la continuité de la réduction platonicienne de l’être à l’étant »28. Heidegger est pour que l’homme
sorte du versant calculateur de la technique prôné par la raison instrumentale pour faire la promotion de la qualité, de la beauté. Il faut avoir un regard objectif sur la question de la technique étant donné que toute critique donne toujours à penser. D’où l’exigence de la méditation et de la poésie.
La méditation, en désignant « cette pensée où se repose et palpite (schwingt) la relation de l’homme à ce qui est, à l’étant »29, suppose, non seulement un libre champ pour l’individu débarrassé des opinions et de ses aspirations, mais aussi cette capacité de se mettre à l’écoute de l’appel se dirigeant vers son être et de répondre à ce qui est dit. La méditation redonne une autre orientation à la technique. Il faut aller vers le lieu « à partir duquel seulement s’ouvre l’espace que chaque fois parcourent notre faire et notre non-faire »30. La méditation favorise une activité réflexive de la pensée sur elle- même pour rendre compte de la situation en donnant une suite à notre préoccupation intrinsèque. Il faut éradiquer cette « perplexité accidentelle » ou « vaincre les répugnances qui viennent s’opposer à la pensée ».
Quant à la poésie, cette puissance fondamentale de l’habitation humaine, cet autre retour de la technique à son sol natal pour habiter en poète, elle est cet antidote du danger. « Là où il y a danger, là aussi croît ce qui sauve »31. En effet, loin d’être un « papillonnement dans l’irréel », une « nostalgie stérile », la poésie mettra en harmonie l’homme et le réel en « parlant devant », en « conduisant la parole », en établissant un rapport de souveraineté entre le langage et l’homme, en termes du rétablissement de l’ordre. Elle se veut un bâtir (bauen). Il faut faire de l’habitation de l’homme une habitabilité. « La poésie est la prise de la mesure (Mass-Nahme) entendue en son sens
rigoureux, prise par laquelle seulement l’homme reçoit la mesure convenant à toute l’étendue de son être »32.
En allant plus en profondeur pour toucher l’être des choses, elle aide à surmonter le danger dans un « bâtir » (bauen), dans un « faire habiter » puisque
« le vrai habiter (Bauen) a lieu là où sont des poètes : où sont des hommes qui prennent la mesure par l’architectonique, pour la structure de l’habitation »33. « Sans doute, l’habitation de l’homme est-elle, à bien des égards, méritoire ». Le dépassement de soi et l’entrée en soi mettent l’homme en chemin vers sa destinée. C’est ainsi que naîtra le Surhomme, « celui qui s’élève au-dessus de l’homme d’hier et d’aujourd’hui, mais uniquement pour amener cet homme, en tout premier lieu, jusqu’à son être, qui est toujours en souffrance, et pour l’y établir »34. Le « retour éternel de l’Identique et le Surhomme » permettent de surmonter le règne de la technique moderne, les problèmes que causent les objets techniques. Ici, il faut raisonner la technique.
Pour la raisonner, il faut lui imposer une norme de fonctionnement en établissant les bases l’aidant à ne pas instrumentaliser l’homme et la nature. Il ne faut pas balayer du revers de la main le versant instrumental de la technique et chavirer dans la quête inlassable de l’essence de la technique. Il faut tenir compte des réalités liées au processus d’évolution de l’homme en rendant intelligible notre recours à l’essence de la technique sans osciller la flamme métaphysique.
C. La technique, la forme suprême de la conscience rationnelle : Du dépassement de la métaphysique moderne
« La technique mécanisée reste jusqu’ici le prolongement le plus visible de l’essence de la technique moderne, laquelle est identique à l’essence de la métaphysique moderne »35. La métaphysique moderne suscite le déclin de la vérité de l’étant puisque « la vérité encore cachée de l’être se refuse aux hommes de la métaphysique »36. La caractéristique de la métaphysique est que l’existentia (l’existence au sens essentiel du terme) ne soit jamais traitée. C’est comme si, en étant « éclairé » par la raison, tout « resplendit sous le signe des calamités triomphant partout »37.
La métaphysique moderne, trait fondamental de l’histoire de l’Europe occidentale, est une fatalité, en termes de calamité puisqu’elle « suspend (hüngen lässt) les choses humaines au milieu de l’étant, sans que l’être de l’étant puisse être jamais connu par expérience comme le Pli des deux, sans qu’il puisse être ainsi connu, interrogé dans ses limites (gefügt) à partir de la métaphysique et par elle, dans la vérité de la métaphysique »38. La métaphysique, influencée par la mécanisation de la technique, est favorable à l’étantité (Seiendheit) et voit l’homme comme un « animal rationale », le vivant qui travaille, la bête de labeur.
« L’achèvement de la métaphysique ne veut pas dire la cessation, mais l’épuisement de ses possibilités d’essence »39. À vrai dire, la technique est cette métaphysique achevée qu’il faut surmonter (überwinden) en la livrant, en la remettant à sa propre vérité puisqu’elle n’a fait que consolider l’essence de la technique en promouvant la dévastation de la terre, l’effondrement du monde. Il faut retourner à son sol natal, en termes de l’étude de l’être en tant qu’être. La métaphysique heideggérienne devient une quête du sens de l’être, recherche, par la voie de la médiation, de la vérité de l’Être.
« Aucun changement n’arrive sans une escorte (Geleit) qui d’abord montre le chemin »40. Ainsi Heidegger a-t-il certes réussi à dépeindre le danger que constitue la technique moderne (d’où le recours à l’essence de la technique), mais il n’est pas arrivé à proposer un retour dynamique sur son sol natal.
« Concrètement, le discours heideggérien n’a aucune considération, ni en fait ni en droit, pour les technosciences en leur efficacité opératoire, pratique, constructive et productive »41. Qu’en est-il chez Habermas ?
II. HABERMAS ET L’ACTIVITÉ COMMUNICATIONNELLE DANS UN ESPACE TECHNICISÉ
Il demeure exact que la technique joue un rôle fondamental dans notre civilisation. « On appellera « technique » le pouvoir rationalisé scientifiquement dont nous disposons sur des processus objectivés; et on entendra en outre par là le système où la recherche et la technique sont couplées en feed-back avec l’économie et l’administration »42. Elle nous fait passer à l’industrialisation avancée en mettant en exergue le défi que la technique relève pour le bien-être de l’homme en le mettant face à des réalités semblant le désorienter de l’essence de son être, en exerçant une emprise sur lui à telle enseigne qu’il est désorienté de son essence. Avec Habermas, nous souhaitons accompagner la technique dans sa volonté de relever le défi d’une existence essentiellement humaine.
A. Le progrès technique, première force de production à l’ère de la civilisation scientificisée
La technique se caractérise par son extension et/ou son emprise sur certains domaines de l’activité humaine : l’Industrie, l’Armée, l’Économie, l’Administration… À l’ère de la civilisation technicisée, Il est question d’élargir notre pouvoir de disposer techniquement des choses en maîtrisant la nature, la productivité dans le but d’assurer aux individus les conditions meilleures d’existence. Le progrès technique demeure cet inévitable mouvement de la science et de la technique vers des fins spécifiques, vers des fins techniques. L’on peut « reconstruire l’histoire de la technique sous l’aspect d’une objectivation progressive de l’activité rationnelle par rapport à une fin »43.
Le progrès technique favorise un pouvoir technique nouveau, une domination de type nouveau en faisant dépendre la validité des règles techniques et des stratégies de la validité de propositions empiriquement ou analytiquement vraies. Ce sont les sciences et la technique qui donneront à la domination ses légitimations étant donné que cette forme traditionnelle de légitimation de la domination fait faillite. La domination se couvrira d’un nouveau manteau en quittant le domaine de la répression, de l’exploitation.
C’est grâce au progrès technique que la domination n’adoptera plus ce caractère répressif. Désormais, elle fait disparaître de la conscience humaine la répression, l’exploitation en mettant tout en œuvre pour assurer aux individus humains des conditions d’existence toujours plus confortables. Ici, la domination perd son caractère d’exploitation, de répression dans le but de devenir rationnelle, en faisant de la civilisation, cet espace où tout est techniquement mis en œuvre pour étouffer toute velléité de contestation, de réflexion. Sans doute, le progrès technique est-il l’instrument d’une libération relative, d’une liberté relative.
Le progrès technique s’institutionnalisera en effaçant le dualisme travail et interaction de la conscience humaine, en créant de dynamiques conditions institutionnelles d’une vie sociétale exempte de domination. « L’application de la science à la technique et l’application en retour des progrès techniques à la recherche sont maintenant à la base même de toute organisation du travail »44. Il revient au progrès technique de mettre en place les éléments de sa productivité, de son adaptation. « L’accroissement des forces productives qui s’est institutionnalisé avec le progrès scientifique et technique surpasse toutes les proportions connues dans l’histoire »45.
L’orientation du progrès technique dépend, non seulement des investissements publics, mais elle est aussi déterminée par des intérêts sociaux découlant « de façon naturelle et directe (naturwüchsig) de la nécessité de reproduire la vie sociale, qui ne font pas comme tels l’objet de réflexion (reflektiert) ni ne se trouvent confrontés avec la conception politique déclarée que les différents groupes sociaux se font d’eux-mêmes »46. Il est question d’accroitre notre capacité de disposer techniquement des choses. Car, « l’activité instrumentale devient le paradigme qui permet de produire toutes les catégories; tout est absorbé dans le mouvement propre (Selbstbewegung) de la production »47. La structure de l’exercice d’un contrôle découle de l’activité rationnelle par rapport à une fin. Le progrès technique va se constituer en un puissant pouvoir de contrôle, de révolution technicienne. Et, tout intérêt pratique va disparaître derrière le pouvoir de disposer techniquement des choses. Avec la technique, il naîtra ainsi une idéologie de type nouveau.
C. Le progrès technique, cette « idéologie » de type nouveau : la rationalisation technique
La dynamique du progrès technique va favoriser un nouveau type de rationalité étant donné que « la « rationalisation » croissante de la société est liée à l’institutionnalisation du progrès scientifique et technique. Dans la même mesure où la science et la technique s’introduisent dans les sphères institutionnelles de la société et où, par là, elles transforment les institutions elles-mêmes, les anciennes légitimations se trouvent détruites »48. La rationalisation dont il s’agit ici se veut, non seulement un processus de transformation des structures sociales, mais aussi, en tant que véritable motif de la « rationalisation » au sens freudien du terme, elle fonctionne en tenant compte des exigences de l’impératif technicien ou technologique.
Pour Habermas, l’on ne parlera d’ »impératifs techniciens » « que parce que la rationalité de la science et de la technique est déjà intrinsèquement une rationalité qui dispose des choses (Verfügung), une rationalité de la domination »49. Hottois ramène « l’impératif technicien » à cette « forme contemporaine de la liberté de la recherche ». Pour lui, « l’impératif technicien serait la forme contemporaine de la liberté de la recherche scientifique qui ne reconnait aucune limitation a priori, ni morale, ni religieuse, ni politique »50. Sans doute, l’homme doit-il se donner les moyens techniques pour « actualiser tout le possible », « tout expérimenter », « tout essayer ». Avec la technique, tout repose sur le techniquement possible.
La rationalité technique entretient une idéologie particulière d’où naîtra une conscience technocratique qui « est moins vulnérable à la réflexion car elle n’est plus seulement idéologie. En effet, elle n’exprime plus une projection de la « vie bonne » qui peut sinon être identifiée à la réalité mauvaise du moins lui être intégrée dans un ensemble virtuellement satisfaisant »51. La conscience technocratique ne fonctionne pas comme les idéologies antérieures, car elle n’a pas la puissance opaque d’un aveuglement se contentant de donner l’illusion d’une satisfaction des intérêts. Avec elle, tout intérêt pratique disparaît derrière la dynamique d’élargissement du pouvoir de disposer techniquement des choses. Et, le noyau idéologique de la conscience technocratique réside dans l’élimination de la différence entre la pratique et la technique.
Revenant à l’idéologie de type nouveau engendrée par la rationalisation de la technique, « ce que cette idéologie a de particulier, c’est qu’elle détache la conception que la société se fait d’elle-même du système de références de l’activité communicationnelle et la soustrait aux concepts de l’interaction médiatisée par des symboles, pour la remplacer par un modèle qui est de l’ordre scientifique »52. L’idéologie dont il s’agit est différente des idéologies de type ancien. Elle est beaucoup plus transparente que les autres idéologies puisqu’elle arrive à masquer les problèmes pratiques, à émanciper la société dans son ensemble.
Cette idéologie « dégage complètement de l’organisation de la vie collective les critères de la justification idéologique, c’est-à-dire des règles normatives de l’interaction; en ce sens, elle les dépolitise et, au lieu de cela, les ramène aux fonctions d’un système subordonné d’activité rationnelle par rapport à une fin »53. En effet, le progrès technique entretient une idéologie de type nouveau favorisant une activité technique et souvent une activité stratégique, cette action orientée vers le succès (erfolgsorientiert) qui est assimilable à une activité téléologique. Alors que l’activité instrumentale met en œuvre des moyens adéquats ou inadéquats par rapport aux critères d’un contrôle efficace par la réalité, l’activité stratégique est favorable à l’évaluation des alternatives de comportements possibles, laquelle résulte d’une déduction établie avec référence à certaines valeurs et maximes.
Jusqu’ici, le progrès technique n’a fait que satisfaire techniquement les besoins des hommes en favorisant un pouvoir de type nouveau, une rationalité de type nouveau, une idéologie de type nouveau, une domination de type nouveau. C’est comme si l’homme était orienté vers la satisfaction de type ontique au détriment du type ontologique. Pourtant, le moi-même de l’homme ne se réduit pas uniquement à sa dimension calculable. Le progrès technique, en révolutionnant la civilisation, ne s’est préoccupé que de la satisfaction des besoins matériels de l’homme. Qu’en est-il de sa dimension spirituelle ? Que propose Habermas à cet effet ?
C. De l’activité communicationnelle dans un espace « techno-réaliste » à l’expérience de l’interaction et de la reconnaissance réciproque
« Le cauchemar d’une cybernétisation totale, ravalant l’homme au rang d’un simple appendice de ce machinisme qui est son œuvre et qui serait à son tour en mesure de l’asservir n’est qu’une chimère »54. Cette déshumanisation de la civilisation émanant d’une robotisation de l’homme prônée par les prophètes de mauvais augure, est impossible. Le travail ne doit pas prendre le dessus sur l’interaction reposant sur le rapport de reconnaissance réciproque. L’interaction est « codifiée en tant que tel par l’intermédiaire d’une institutionnalisation de la réciprocité qui se trouve posée avec l’échange des produits du travail »55. Notre civilisation fait s’effacer « de la conscience des hommes le dualisme du travail et de l’interaction »56, et il revient à l’homme de mettre les pendules à l’heure. Encore qu’à l’analyse, il y a toujours un défi que la technique seule ne peut relever.
Il faut sortir de l’adaptation passive exercée par la technique et ne pas basculer dans la satisfaction des conditions d’existence extérieure exercée par le travail lors de la transformation de la nature. Il faut établir un partenariat entre la nature et l’homme. « Au lieu de traiter la nature comme un objet (Gegenstand) dont il est possible de disposer techniquement, on peut aller à sa rencontre comme à celle d’un partenaire (Gegen-spieler) dans une interaction possible »57. Réduisant le travail à une activité rationnelle par rapport à une fin, il le rapporte à l’activité instrumentale, au choix stratégique et à la combinaison des deux. Pour Habermas, l’activité instrumentale obéit à des règles techniques se fondant sur un savoir empirique impliquant des prévisions conditionnelles portant sur des faits observables, tant physiques que sociaux. Toutefois, ces prévisions peuvent se révéler bien fondées ou fausses. Quant aux stratégies, elles impliquent des déductions sur la base de règles préférentielles (systèmes de valeurs) et de maximes générales. Et, ces propositions peuvent être correctement déduites ou non en se souciant de régler les conditions de choix rationnel selon des stratégies reposant sur un savoir analytique. Cette activité ne réalise des objectifs définis que dans des conduites données.
Les activités instrumentales et stratégiques sont des activités téléologiques reposant sur le succès. Pourtant, l’être de l’homme ne saurait demeurer dans le calculable, le succès. Pour Habermas, l’interaction est l’activité communicationnelle. Elle est au fondement de toute humanisation. C’est pourquoi, il la présente comme le moyen de locomotion de la supériorité de l’homme sur les autres vivants. Il répond aux oiseaux de mauvais augure qui se sont pressés de prêcher la mort de la philosophie à l’ère néo-technique, l’ère de la post-modernité.
La théorie de l’activité communicationnelle est loin d’être une métathéorie. Elle est « le point de départ (Anfang) d’une théorie qui s’efforce de justifier ses paramètres critiques »58. Elle va constituer un paradigme de la raison communicationnelle. En face des règles techniques, il se développe le principe de réciprocité, le principe d’organisation du processus social de production et de reproduction. Les règles techniques et les règles communicationnelles de l’interaction n’ont rien en commun étant donné que « les règles techniques ne sont élaborées que dans les conditions de la communication linguistique »59.
L’action sur la base de la reconnaissance réciproque ne peut être garantie que par le rapport formel entre les personnes légales vivant dans cette unité qui n’est possible que dans la dialectique de la reconnaissance-de-soi-en- l’autre. L’homme doit opposer le règne de l’acticité communicationnelle à celui de la technique qui l’oriente vers sa dimension instrumentale. Il faut établir les balises d’une probable déviation de la technique lorsqu’elle prétend fusionner tout intérêt pratique dans la technique, le travail dans l’interaction. La dialectique du langage et celle du travail ne peuvent converger avec celle de la moralité qu’au sein de la dialectique de la reconnaissance-de-soi-en-l’autre puisque cette dernière est liée au rapport d’interaction entre des partenaires égaux par principe.
Il faut rendre l’esprit intelligible dans sa structure, dans une unité d’intelligence, de la volonté. Il s’agit d’élaborer la représentation par des symboles, du travail et de l’interaction pour dépasser toute subjectivité. L’esprit est ce qui favorise la communication, la réciprocité entre personnes légales, entre partenaires. L’esprit devient « le milieu (medium) au sein duquel un moi communique avec un autre moi et à partir duquel seulement, en tant que médiation absolue, l’un et l’autre se constituent réciproquement comme sujets »60. Il est cette conscience, le milieu dans lequel les sujets se joignent, de telle sorte qu’ils ne pourraient pas être des sujets sans se rejoindre. Il se développe la question de l’objectivité d’un universel sur la base de la réciprocité, de l’intersubjectivité. L’homme doit établir la communication en vue de permettre au moi de s’exprimer en tenant compte de l’identité de l’autre. Le règne de la technique moderne n’est pas un obstacle à l’activité communicationnelle.
Il naît une communication, la jonction entre l’esprit et la communication des individus singuliers dans le milieu de l’universel. « L’esprit est la communication des individus singuliers (Einzelner) dans le milieu d’un universel, qui fonctionne comme la grammaire d’une langue par rapport aux
individus qui la parlent ou comme un système de normes en vigueur par rapport aux individus qui agissent et ne retourne pas le moment de l’universalité contre la singularité mais permet leur liaison propre »61. Il revient à l’homme seul de décider de l’orientation à donner à sa vie, à son cadre de vie.
Dans ce cas, « l’intersubjectivité où le moi peut s’identifier avec un autre moi, sans abandonner la non-identité qu’il y a entre lui et son autre, s’établit aussi dans le langage et le travail dès lors que le corrélat objectif (Objekt) auquel est confronté le sujet qui nomme les choses et qui travaille est d’emblée conçu de manière idéaliste comme un vis-à-vis (ein Gegenüber) avec lequel l’interaction est possible à la façon d’une interaction entre des sujets, autrement si c’est un partenaire (Gegenspieler) et non pas un objet (Gegenstand) »62.
Il se crée des processus de reproduction culturelle, d’intégration sociale, de socialisation allant au-delà de l’instrumentalisation de l’être humain. La culture, la société et la personnalité jouent un rôle fondamental dans les processus de reproduction culturelle, d’intégration et de socialisation de la société. « À ces processus de la reproduction culturelle, de l’intégration sociale et de la socialisation correspondent, en tant que composantes structurelles du monde vécu, la culture, la société et la personne »63. Est « culture la réserve de savoir où les participants de la communication puisent des interprétations quand ils s’entendent sur une réalité quelconque dans le monde »64. Est « société les ordres légitimes à travers lesquels les participants de la communication règlent leur appartenance à des groupes sociaux et assurent ainsi une solidarité »65. Réduisant la personne à la personnalité, Habermas a recours aux compétences qui rendent le sujet capable de parole et d’action en le mettant en mesure de participer à des procès d’intercompréhension et d’y affirmer sa propre identité.
Le règne de la technique moderne demeure aussi longtemps qu’elle arrive à satisfaire les besoins matériels de l’homme. Tout n’étant pas que matière chez l’homme, il lui revient de promouvoir l’esprit. À vrai dire, le langage, le travail et l’interaction sont à la fois des étapes au cours du processus de formation de l’esprit et des principes de sa formation.
CONCLUSION
Heidegger, en pensant la technique, révèle les préoccupations existentiales qu’elle soulève dans sa volonté de ramener tout au techniquement possible. L’homme, étant désorienté, fait la promotion de l’étant au détriment de son essence. Il faut retourner à son sol natal en vue de préserver l’être humain du danger qu’elle constitue, puisque la technique moderne pro-voque la nature et considère l’homme comme outil technique.
Heidegger perçoit la radicalité du défi que la technique moderne lance à la philosophie sans parvenir à une résolution concrète du danger que constitue son essence. À vrai dire, le recours à la méditation, à la poésie sans omettre le dépassement de la métaphysique ne suffisent pas pour sortir l’homme de son emprise. Heidegger, en voulant redonner aux technosciences un sens humain et/ou authentique, est nostalgique d’une technique artisanale. C’est comme s’il niait l’efficacité des technosciences, leur opérativité, leur pratique, constructive et productive.
Quant à Habermas, il présente le progrès technique comme la première force productive. Son danger réside dans le fait qu’il veut institutionnaliser la société et ramener tout à ce qui est techniquement possible, faisable. Le défi ne relevant pas uniquement de la technique, il revient encore à l’homme de décider de son orientation en opposant au règne de la technique moderne celui de la reconnaissance réciproque, de l’interaction.
Il faut aller au-delà de la manipulation (Verfügung) technique en vue de la rationalisation communicationnelle (l’interaction) qui sert de contrepoids aux dérives de la technique et créer ainsi un espace hominisé de civilisation de l’homme. Il revient toujours aux êtres humains de décider du type de vie qu’ils comptent mener.
BIBLIOGRAPHIE
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• Tome 1. Rationalité de l’agir et rationalisation de la société.
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MARCUSE, Herbert, L’homme unidimensionnel. Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée, Paris, Minuit, 1968, trad.fr l’auteur et Monique Wittig.
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1 La pro-vocation de la nature réside dans « sa mise en demeure de livrer une énergie qui puisse comme telle être extraite (herausgefördert) et accumulée » in Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 20, trad. fr André Préau.
2 HOTTOIS, Gilbert, De la Renaissance à la Postmodernité. Une histoire de la philosophie moderne et contemporaine, Bruxelles, De Boeck Université, 1997, p. 349.
3 MARCUSE, Herbert, L’homme unidimensionnel. Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée, Paris, Minuit, 1968, p. 258, trad.fr l’auteur et Monique Wittig.
4 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 9, trad.fr. André Préau.
5 Idem, p. 11.
6 Ibidem.
7 Idem, p. 9.
8 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 38, trad.fr. André Préau.
9 Idem, p. 234.
10 Idem, p. 350.
11 « Le sens modifié du mot Ge-stell (« Arraisonnement ») nous deviendra peut-être un peu plus familier, si nous pensons Ge-stell au sens de Geschick (destin) et de Gefahr (danger) » in Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 37, trad.fr André Préau.
12 HEIDEGGER, Martin, Op. cit., p. 23.
13 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 36, trad.fr. André Préau.
14 Idem, p. 25.
15 Idem, p. 32.
16 Idem, pp. 25-26.
17 Idem, pp. 27-28.
18 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 22, trad.fr. André Préau.
19 Idem, p. 40.
20 Idem, p. 26.
21 Idem, p. 42.
22 Idem, p. 17.
23 Idem, p. 57.
24 HEIDEGGER, Martin, « Sérénité », in Questions III, Paris, Gallimard, 1966, p. 176, trad.fr A. Préau.
25 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, pp. 37-38, trad.fr. André Préau.
26 HEIDEGGER, Martin, Lettre sur l’humanisme, Paris, Aubier Montaigne, 1964, p. 45, trad.fr R. Munier
27 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 11, trad.fr André Préau.
28 HOTTOIS, Gilbert, De la Renaissance à la Postmodernité. Une histoire de la philosophie moderne et contemporaine, Bruxelles, De Boeck Université, 1997, p. 346.
29 HEIDEGGER, Martin, Op. cit., p. 129.
30 Idem, p. 77.
31 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 38, trad.fr. André Préau.
32 Idem, p. 235.
33 Idem, p. 243.
34 Idem, p. 122.
35 HEIDEGGER, Martin, Chemins qui ne mènent nulle part, Paris, Gallimard, 1986, trad.fr Wolfgang Brokmeier.
36 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 83, trad.fr. André Préau.
37 ADORNO, Theodor-Wiesengrund & HORKHEIMER, Max, La dialectique de la Raison,
Paris, Gallimard, 1974, p. 21, trad.fr Eliane Kaufholz.
38 HEIDEGGER, Martin, Op. cit., pp. 88-89.
39 BOUTOT, Alain, Heidegger, Paris, P.U.F./Que sais-je ?, 1989, p. 93.
40 HEIDEGGER, Martin, Essais et Conférences, Paris, Gallimard, 1958, p. 115, trad.fr. André Préau.
41 HOTTOIS, Gilbert, Entre symboles et technosciences. Un itinéraire philosophique, Paris, Champ Vallon, 1996, p. 196.
42 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 88, trad.fr Jean-René Ladmiral.
43 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 13, trad.fr Jean-René Ladmiral.
44 Idem, p. 84.
45 Idem, p. 7.
46 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 94, trad.fr Jean-René Ladmiral.
47 Idem, p. 210.
48 Idem, p. 4.
49 Idem, p. 10.
50 HOTTOIS, Gilbert, Entre symboles et technosciences. Un itinéraire philosophique, Paris, Champ Vallon, 1996, pp. 99.
51 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 56, trad.fr Jean-René Ladmiral.
52 Idem, p. 46.
53 Idem, p. 57.
54 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. XIV, trad.fr Jean-René Ladmiral.
55 Idem, p. 196.
56 Idem, p. 44.
57 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 14, trad.fr Jean-René Ladmiral.
58 HABERMAS, Jürgen, Théorie de l’agir communicationnel, Rationalité de l’action et rationalisation de la société, T.1, Paris, Fayard, 1987, p. 13, trad.fr Jean-Marc Ferry.
59 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, p. 194, trad.fr Jean-René Ladmiral.
60 Idem, pp. 168-169.
61 HABERMAS, Jürgen, La technique et la science comme « idéologie », Paris, Gallimard, 1973, pp. 170-171, trad.fr Jean-René Ladmiral.
62 Idem, p. 201.
63 HABERMAS, Jürgen, Théorie de l’agir communicationnel, Rationalité de l’action et rationalisation de la société, T.2, Paris, Fayard, 1987, p. 152, trad.fr Jean-Louis Schlegel.
64 Ibidem.
65 Ibidem.


